Bien fait pour leurs gueules

Les élections européennes ont envoyé le Front National en tête du scrutin, en faisant le premier parti de France. Mais fallait-il s'en étonner ? Non.

L'Europe démocratique est morte depuis 2005. Le "non" au référendum, doublé par une magouille institutionnelle pour faire passer le traité de Lisbonne a laissé un goût amer aux Français. Depuis, l'image donnée par l'institution est déplorable, la rigueur, l'austérité comme seuls mots d'ordres, le tout dicté par Goldman Sachs. Cette Europe, ayant grandi trop vite dans une économie trop mondialisée, dont on ne sait pas exactement où se situe le pouvoir, partagé entre le Commission (dirigée par l'incompétent Barroso et en proie aux lobbyistes de tous bords), et le Parlement (dans lequel les élus français brillent le plus... par leur absence), cette Europe n'est pas celle que souhaite les Français, à ce titre, le résultat du Front National en est un message fort.

L'élection d'hier était à elle-seule une farce démocratique. Trop de listes rendant le discours des partis traditionnels illisibles, une campagne bâclée (où les recalés des derniers scrutins se sont retrouvés têtes de liste), lancée à la va-vite à une semaine du vote, des panneaux électoraux vides et un scrutin au comble de l'amateurisme sur Paris où le manque de papier a amené les présidents de certains bureaux de vote à demander aux électeurs d'imprimer leurs bulletins sur Internet avant de se rendre aux urnes... ridicule

La gauche, dont le signal fort envoyé par un remaniement au soir de la débâcle des municipales, s'est soldé pour l’Europe par la nomination de Désir au Secrétariat aux Affaires Européennes, autant dire qu'Hollande a choisi de mettre un aveugle à la conduite du bus.

La droite, qui n'a (toujours) pas fait son aggiornamento suite à la défaite de 2012, est un parti à la dérive, englué dans les affaires (Bygmalion, Sarkozy...), sans chef légitime, sans ligne directrice, qui n'assume même pas son rôle d'opposition.

Alors qu'est-ce que le résultat du Front National va changer ? Rien, du moins au Parlement car ils n'ont pas assez d'élus pour constituer un groupe, et quand bien même, les députés européens frontistes brillent généralement autant par leurs absences que leurs collègues des partis traditionnels. De plus, le rapport de force entre le PPE et les socialistes reste sensiblement le même.

Que faut-il en conclure alors ? Réunions de crise à l'Elysée, assemblée extra-ordinaire à l'UMP, l'heure est grave mais si la gauche continue à faire une politique de droite et la droite n'arrive pas à se trouver un leader naturel, autant dire que si rien ne change, les politiques ne pourront même plus être surpris et les éditorialistes, ayant abondamment parlé de séisme hier soir, n'auront plus assez de vocabulaire au soir du 1er tour en 2017.