#echoslive : retour sur une expérience inédite

Publié par JeromePatte sur 14 Avril 2014, 09:34am

Jeudi, connecté à mon fil twitter, essentiellement composé de médias et de journalistes, je vois passer une information pour le moins surprenante.

[JOUR J] #EchosLive : rappel du processus de recrutement avant le rendez-vous de 16h ! >> http://t.co/TmSSHG7Gg9
— Les Echos (@LesEchos) April 10, 2014

Curieux de nature et de plus en plus atttiré par l'écriture (ceux qui suivent ce blog s'en doutent un peu), étant encore trentenaire et voulant essayer de donner une seconde vie à ma carrière professionnelle après quinze ans passés dans le marketing médias, je vais voir en quoi consiste ce recrutement. Le principe est assez simple et en même temps original, quatre sessions d'une heure sur twitter où l'on doit créer son propre fil d'actu avec deux contraintes : - refaire les titres des tweets et ne pas répéter une info déjà publiée dans Les Echos. Je me lance dans l'aventure en reprenant à mon compte la vieille maxime du qui ne tente rien n'a rien.

JEUDI (JOUR 1) : La compétition est lancée et pour marquer le coup, je commence à balancer mes premiers tweets cinq minutes avant le début du concours, car oui, un journaliste se doit d'avoir toujours une longueur d'avance sur la concurrence. L'actualité est fournie et j'ai de la réserve. De l'actu nationale, internationale, de l'économie (bien sûr), je varie mes sources, prenant le soin de trouver de l'info "exclusive" tout en soignant mes titres. Je mise beaucoup sur l'info live et reformule en direct ce qui me passe sous les yeux. Je sors de cette première session amusé, car ayant pris du plaisir à fournir ma propre information sans véritablement imaginé ce qu'il en ressort. Je me pose également un tas de questions : qu'attendent Les Echos ? On sait juste qu'ils veulent créer une rédaction web à l'instar du Lab d'Europe 1, mais en quoi consiste leur futur fil ? Quelles sources vont être utilisées ou interdites ? Beaucoup de questions restent en suspens.

VENDREDI (JOUR 2) : Je peaufine ma stratégie, commençant dès le matin à sélectionner des tweets, avec la problématique de trouver une source suffisamment fiable pour être crédible tout en fournissant une info qui n'apparaîtra pas obsolète quelques heures plus tard. 16 heures, début de session et là, je commence fort en mettant le lien vers les coups de patte de mon invité de la semaine (vu sur ce blog), Michel Grossiord, exclusivité assurée, cela me motive et me rassure pour la suite. Beaucoup d'informations sur les médias, mon domaine de prédiléction en économie, un peu de techno, de design... et toujours du Live. Je sors de cette heure encore plus motivé mais rinçé, la fin de la session marquant également la fin de ma semaine de travail. Je fais le point sur le nombre total de participants et regarde ce qui a été fourni sur le fil afin de jauger la concurrence, je me rends compte que j'ai mes chances. Le soir même, je passe voir un ami journaliste à l'AFP, qui me rassure quant à la qualité de mes infos fournies tout en m'expliquant ce qu'il en ressortira problablement pour les futurs embauchés, de la re-formulation de titres et de la ré-écriture de dépêches, je suis rassuré.

SAMEDI (JOUR 3) : Je suis excité, ennivré par ce que je suis en train de réaliser, toute la famille est prévenue, je serai injoignable à partir de 16h. Depuis le matin, je scrute mon fil twitter, n'hésitant pas à effectuer plusieurs niveaux de sélection, mettant ou enlevant les tweets de mes favoris au gré de ma stratégie. Tout est calé quand patatras, ma famille décide d'aller faire un tour au vide-grenier de la ville et me voilà à 16 heures, entre un stand de vêtements et de barbapapa, tant pis, je vais gérer de mon smartphone. La 3G aléatoire et la lenteur de ma frappe ne m'aidant pas, ni-une, ni-deux, je quitte précipitamment mes proches pour rentrer à la maison. J'estime tout en courant le temps que je vais perdre, cela sera moins de dix minutes, mais ces minutes verront mon fil aphone, sans rien. J'arrive devant mon ordinateur et balance avec véhémence les pépites trouvées précédemment, je vis l'information. Je finis cette journée en me disant que j'ai limité la casse, tout en imaginant que le dimanche sera la journée la plus difficile.

DIMANCHE (JOUR 4) : Je ne m'y trompe pas, l'actu dominicale est pauvre et je me mets à pleurer le fait de ne pas disposer du fil AFP. Seul l'Ukraine et Jean-Vincent Placé occupent le devant de la scène médiatique, mais cela apparait insuffisant pour fournir le nombre de tweets que je m'étais fixé, sans compter une actualité économique quasi-inexistante en ce jour où entreprises et bourses sont fermées. Tendu limite stressé, j'ai du mal à balancer mon premier tweet, ma première info, celle que je considère comme cruciale, tant ma recherche a été peu fructueuse. Je balance de l'info, avec moins de conviction que les jours précédents, allant jusqu'à donner, car en direct, le nom du vainqueur de Paris-Roubaix. Le concours est terminé, les dés sont à présent jetés.

Je suis satisfait d'avoir participer à cette initiative et d'avoir fait cet exercice, peu évident, de proposer une quinzaine d'infos exclusives ou décalées dans un temps très limité, je me dis que je n'ai rien à regretter, j'ai proposé ma propre information, quant à la qualité de celle-ci, cela sera aux Echos d'en juger.